Traveling arrière, cap au sud.
- par Jean-Paul Henri
- dans Information
- sur janvier 12, 2023
Les températures du moment n’incitent pas à sortir nos Royal Enfield mais plus à se plonger dans les tâches en attente, sans cesse reculées. Ah la procrastination. Et puis, ne voilà pas que je tombe sur des paniers de diapositives étiquetés « Raid Sahara 85 » à numériser. Des lustres je vous dis. Ni une, ni deux, je me sens transporté dans une longue épopée aux douces températures. C’est vrai, le Sahara en janvier, c’est parfait.
Marseille Alger, juste à déplier la national 1 jusqu’à Tamanrasset. Pour moi, c’était un bac à sable sans limite. Pour un ami, son jardin. Et ce jardin, il le connaissait mieux que personne et d’écrire: « Tam direct en deux jours depuis Alger, une journée sur place, puis un détour par l’Assekrem. Au petit matin, redescente par Hirafok et retour direct sur In Eker pour aller dormir à Arak. Le lendemain, Ghardaia et un jour de plus pour Alger. Quand on connaît, ça semble tout simple. La première fois, on met des jours et des jours… ». Ceci est tellement vrai. En 83, Yves pour le magasine Moto Revue signait l’essai long durée de la 750 XLV. Cette moto semble taillée pour l’aventure. Deux ans plus tard, à son guidon, sur un itinéraire quelque peu modifié, je roule dans ses traces.
C’est vrai, l’Algérie est à deux pas, le Sahara totalement dépaysant pour ne pas dire envoûtant. Mieux, à lire Frison-Roche, Théodore Monod, Charles de Foucauld … il est urgent d’aller se faire voir ailleurs. Voyager seul, pas mon truc, je réquisitionne Denis pour l’occasion. A l’époque pas de Royal Enfield (j’avoue je ne connaissais même pas la marque!!!) mais une Honda 750 XLV fraîchement rodée et une 600 Ténéré. Des filtres à air, des bougies, quelques câbles, des rustines et le minimum pour le bivouac seront du voyage, pas plus. Notre devise, voyager léger.
Notre but, relier Alger à Tam (Tamanrasset) via la nationale 1 et s’offrir quelques escapades selon l’humeur du moment. Pas de délai imparti, bienvenue en Afrique.
Alger, le 1er pas en Afrique, ville portuaire animée où il fait bon déambuler dans sa Casbah, sa médina ou ailleurs. Ici, c’est déjà le dépaysement. Juste à traverser l’Atlas à la topologie et à la faune et la flore variées pour que le désert nous ouvre ses bras. Ça y est, nous y sommes.
Direction Ghardaïa, capitale de la vallée du Mzab inscrite au Patrimoine Mondial de l’Unesco pour son architecture et son histoire. On raconte même selon la légende qu’une jeune fille du nom de Daïa vivait seule dans une grotte. Le cheikh Sidi Bou Gdemma passant par là, est séduit par sa beauté, ils se marient et ils fondèrent alors Ghardaïa. Entre le marché où se mêlent les épices, légumes et ambiance vitaminée, le marché aux chameaux, les ruelles étroites et ses environs, le lieu est magique.
Détour par Timimoum, oasis au style soudanais, Adrar, Reggane et Ain Salah, noms rendus célèbres par le rallye Paris-Dakar. De la piste, du sable, des rencontres et même de la navigation. Étape géniale avant de descendre plus au Sud sur Tamanrasset.
Rencontre fortuite avec des contrebandiers, des passeurs de voitures arme à la ceinture … Au final, un couscous et quelques bières échangées sur l’aile du camion. Comme quoi, en voyage, sur les pistes, l’inimaginable côtoie l’inattendu.
Bivouac dans les gorges d’Arak et rencontre avec des chameliers. La France, l’Algérie seront évoquées jusqu’à tard dans la nuit.
Et puis, en bouquet final, Tamanrasset, au delà d’une ville, un véritable carrefour. Celui des aventuriers, des grands voyageurs et mêmes des peuples qui transitent dans les régions subsahariennes.
Nous laisserons filer des amis vers le Niger, vers l’Afrique Noire. Nous, ce sera direction le massif du Hoggar sur des pistes difficiles qui les rendront inoubliables. Pose à l’ermitage du père Charles de Foucauld à plus de 2700 mètres sur le plateau de l’Assekrem devant l’un des plus beaux points de vue du monde. Méditation.
Piste, piste et piste pour le retour. Nous enroulerons du câble dans des paysages divers et variés. Moment de panique lors d’un égarement sur des portions mal balisées ou récupération d’un naufrager du désert … Juste nous rappeler que cet environnement aussi beau soit-il demeure un environnement hostile.
Tellement merveilleux que quelques années plus tard, je foulais une fois de plus les pistes algériennes.
Et si nous osions, en Royal Enfield 500 Bullet...
Une réponse
Belle destination pour l’hiver.
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